Alli, un médicament “anti-obésité”, sera disponible sans ordonnance dès le mois de mai. Le laboratoire GSK exulte, mais l’Afssaps s’inquiète, craignant que les consommateurs ne soient tentés de l’utiliser pour se débarrasser de leurs bourrelets avant l’été. Les risques ne sont pas anodins, pour un résultat très incertain…
Distribué sans ordonnance à partir de mai 2009 et déjà vendu comme produit miracle sur des sites Internet étrangers, Alli (Orlistat 60mg) est un médicament anti-obésité issu du Xenical (Orlistat 120mg), prescrit sur ordonnance depuis 1998. L’Autorisation de mise sur le Marché (AMM) a été délivrée par la Commission Européenne en janvier 2009 pour les 27 pays d’Europe. Le laboratoire GlaxoSmithKline (GSK) est ravi, certes. Mais l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) s’inquiète. “Ce médicament s’adresse aux personnes souffrant d’obésité, pas à celles qui cherchent à perdre deux ou trois kilos avant d’aller sur les plages cet été” a prévenu Philippe Lechat de l’Afssaps, qui dénonce la décision européenne.
Contre-indications et effets secondaires
Le hic, c’est que le produit n’a d’effets que dans les cas de réelle obésité (IMC>30 kg/m2). En dessous, il est totalement inefficace. La libéralisation commerciale d’Alli pose plusieurs problèmes purement médicaux. Dans la lutte contre l’obésité, le médicament n’est en général utilisé qu’en dernier recours, après avoir tenté de modifier le comportement alimentaire des patients. Ensuite, le médicament induit des effets indésirables non négligeables : troubles gastro-intestinaux, rebonds (parfois spectaculaires) de l’obésité à l’arrêt du traitement, états hypoglycémiques chez des patients pré-diabétiques, carences en vitamines, etc. Et enfin, les contre-indications sont nombreuses, dues aux interactions médicamenteuses que la substance peut engendrer, notamment en abaissant l’efficacité des produits contraceptifs féminins. Le dernier médicament du genre – Acomplia – a d’ailleurs dû être retiré de la vente par Sanofi Aventis, car soupçonné d’entraîner des troubles psychiatriques.
Confusion entretenue par le laboratoire GSK
L’Afssaps s’inquiète en outre de la confusion qui pourrait s’installer dans l’esprit du public. Des personnes légèrement enrobées pourraient être tentées et les obèses risqueraient, quant à eux, de passer à côté d’un suivi médical indispensable. Inquiétude confirmée par un communiqué de presse de GSK, qui annonce que ce médicament “aide à maigrir“, sans autre précision. Selon l’association Allegro Fortissimo, la notice d’utilisation du médicament annonce qu’Alli agit en cas de “simple surpoids“. Autorisée en vente libre aux Etats-Unis en juin 2007, la pilule était en rupture de stocks dès les premiers jours. Et il suffit de consulter certains forums féminins pour constater que la pilule a de beaux jours devant elle.
Cinq études menées chez des patients traités au Xenical 120 mg, en complément d’un régime alimentaire adapté, ont montré qu’au bout d’une année, seulement 20% des personnes obèses traitées par le médicament ont perdu au moins 10% de leur poids, contre 8% pour les patients sous placebo… Tout ça pour ça.
Source : http://www.lesmotsontunsens.com
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